Louez le Seigneur, dites bien haut qui est Dieu, annoncez aux autres peuples ses exploits.

Chantez pour lui, célébrez-le en musique, parlez de toutes ses merveilles. Psaume 105, 1.2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Consacrer une église nous oblige à vivre le présent du Royaume et a bien organiser pour dire la foi, en les murs et hors ses murs. ?

 

  Copyright : Thierry M.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Edito n°- 43
24/01/2021

Thierry Mollard osfs

     

Dédicacer une église à celles et ceux que nous ne connaissons pas encore : audace et espérance !  

En ce 3e dimanche du temps de l’Eglise, 24 janvier 2021, fête de St François de Sales et à la veille de la clôture de la semaine de l’unité, à Parakou quartier d‘Okedama, nous avons rendez-vous à l’église St François de Sales, animée par les Oblats, pour sa consécration et inauguration.

Cette paroisse a percé le jour dans un projet daté du 19 Décembre 2011 : « Bâtir Mon Eglise ». C’est cette église, rassemblant des chrétiens depuis quelques années, qui sera consacrée ce 24 janvier 2021.  La paroisse St François de Sales d’Okédama, créée le 24 octobre 2004 est située à la sortie Sud de Parakou et s’étend sur les quartiers Sinagourou, Ganon et Bakpérou. (https://www.facebook.com/ParoisseStFrancoisdeSalesdOkedama/)

 La France compte une église pour 1585 habitants ! C’est dire que 42 258 églises pointent leur flèche vers le ciel et que leurs cloches interpellent du parvis aux périphéries ! Et dire que je n’ai jamais participé à une consécration d’église ou d’autel, de ma vie ! En tout cas j’en n’ai pas le moindre souvenir !

L’église pour les uns, est témoin du passé, pour d’autres elle est lieu de prière personnelle et communautaire, toujours actuel, un monument digne d’être considéré pour ce qu’il est. Pour d’autres encore elle est signe de refondation, un espace fort d’une question déterminante : annoncer l’Amour de Dieu de la manière la plus fidèle possible à l’Évangile et avec le plus de sincérité envers la cité séculière. (Joseph Moingt)

Consacrer une église nous oblige à avoir un regard sur l’histoire, à vivre le présent du Royaume en assemblée et prière personnelle et communautaire, à nous demander si l’Église est bien organisée pour dire la foi, en ses murs et hors ses murs.

 

Alors le 24 janvier 2021, ce sera avec une vraie joie et reconnaissance que nous rentrerons dans cette église, en présentiel ou en distanciel. Une chose est sure, bien d’autres visages que les présents ‘hanteront’ les lieux !

Ce sera un merci pour la vie accomplie : avoir pu bâtir cette maison.

Ce sera l’espérance que le Christ lui-même en soit toujours l'hôte, habile à faire sentir sa présence et la communiquer.

Ce sera le temps de la promesse marquée depuis le premier testament par l’Emmanuel Dieu-avec-nous, qui appelle, envoie et bénit, qui forme et comble. 

Ce sera un merci pour la vie accomplie non seulement d’avoir pu bâtir cette maison, mais d’avoir pu œuvrer en bien d’autres jardins, du développement intégral à la spiritualité, obligeant à un regard sur l’histoire et l’avenir.

Avant même que le temps ne voit l’installation progressive d’une église, s’inscrire en architecture, l’espace de vie résonnait du rassemblement, discret au début, plus conséquent avec le temps qui passe. La construction d’une église se fait au rythme de la patiente pose de la pierre et de la prière ainsi que de mille gestes de partage et de confiance. Pour avoir traversé cet espace à plusieurs reprises, j’ai presque une pointe de nostalgie en repensant à l’authenticité du rassemblement sous le manguier !

Intérieurement, sans éclat, je repense à bien des moments de partage et rencontres qui ont permis cette consécration de l’église d’Okedama, là-bas au Bénin. Je ne peux vivre cet événement sans revoir et contempler aussi et d’abord les visages de ceux qui ont permis cette histoire, commencée il y a 34 ans, le 10 Novembre 1987 avec l’arrivée de trois premiers oblats à Parakou. ([1])

Je ne peux que revoir ces visionnaires à l’esprit missionnaire ; je pense à l’un des initiateurs le Père André Brix, osfs. Je pense aux frères de la première mission, aucun n’est parti avec l’idée de construire une église, mais tous à leur manière sont partis avec ‘une caisse à outil’ et le désir de participer à la construction de l’Eglise qui est au Bénin. Même si dans l’Institut, l’unanimité sur ce projet en Afrique de l’Ouest ne souriait pas à tout le monde, loin s’en faut !

Je me rappelle avec force et émotion, de bien des départs : dans un sentiment partagé, entre joie, enthousiasme et lucides conséquences de la séparation des uns et des autres. Au milieu de la cour du « château » de Publier sous les deux gros platanes, les véhicules équipés pour la traversée du désert s’apprêtaient à prendre la route ! Ou au bord du Léman, avec un confrère nous évoquions gravement son départ imminent pour rejoindre le Bénin. Chaque fois c’était un peu plus de forces et de vie misées là-bas au-delà du Sahel et en même temps, chaque fois c’était un peu moins de forces vives ici sur les rives d’un lac ! A partir de dimanche, lorsque sur l’autel de l’église aux mille places, sera scellée la pierre d’autel, véritable sépulcre où sera déposé une relique de François de Sales, s’offriront encore bien des sacrifices et des dons pour la vie !

Et demain ?

De l’autel dédiée à St F de Sales, pourvu que toujours des talents soient osés au service de la mission, que s’élancent encore les paroles de l’Introduction à la Dévote ou du Traité de l’Amour de Dieu, dussent-elles avoir été parlées en Bariba et qu’ainsi un traité de l’Amour du frère prenne corps.

L’édification d’une église, son installation, est un défi pour tous ! Il s’agit de ne pas risquer figer des revendications identitaires, ni dresser des identités les unes contre les autres : rappelons-nous comment Paul se fâche contre les divisions chez les chrétiens de Corinthe : « J’entends que chacun de vous dit : « Moi, je suis à Paul. - Et moi, à Apollos. - Et moi à Pierre. - Et moi au Christ. » (1Co 1, 12) et Paul interroge : « Le Christ est-il divisé ? »

Que le défi pour notre Eglise qui n’est jamais à l’abri d’un repli sur soi, consiste à espérer et miser sur une authentique fidélité à nos origines, l’Evangile Salésien, qui ne peut être que fort sans devenir forteresse qui nous séparerait des autres ou nous nous figerait dans une vérité absolue ?

Le défi, après 34 ans de présence au Bénin, si le chemin reste étroit, devrait nous faire devenir « lumière du monde, levain dans la pâte, sel de la terre » en s’impliquant donc dans une présence active dans le monde qui bouge.

Le rituel de la dédicace, de la consécration est millénaire comme en témoigne ce poème ([2]) :

 

Qu’il se réjouisse
Celui qui a travaillé à ta maison
Il a préparé une demeure
A son Seigneur et Créateur.
Qu’il soit ravi
Au fond de lui-même
De faire descendre l’Esprit
Sur l’œuvre de ses mains !

 

Dans sa maison il siège,
Il nous attend.
Afin que nous entrions demander
De lui miséricorde.
Il ne nous chasse pas,
Ne nous éloignons pas
De sa demeure,

Où il nous fait grâce.

 

Ses fondements
Sont sacrés :

C’est en ton nom vivant
Qu’on a posé ses pierres.

Il fit franchir les portes de la justice.

Car ceux qui entrent
En son nom sont réunis.

 

A ceux qui ont travaillé

Pour que (d’autres) puissent venir
A ceux qui sont venus

Parce que (d’autres) bâtirent :

A ceux qui sont venus

Comme à ceux qui travaillèrent,
Le Seigneur partage
La même récompense.

 


 

 


 

[1] Dès le 25/12/88 jusqu’au 08/01/89 le Voyage initial du groupe adulte Théotime, inaugurait en fait, la longue liste des Camps Hors Frontières dont un bon nombre nous emmenèrent au Bénin.

 

[2] traduit du syriaque de Mar Balaï (mort vers 460) pour la dédicace de l’église de Qennesrin, dans la région d’Alep en Syrie


Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »

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