Joie et humour qui ouvrent un chemin de sainteté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'humour
un chatouillis de l'âme.

 

 

Edito n°- 44
202/09/2021

Thierry Mollard osfs

C’est quand la rentrée des religieux ?

 Il y a maintes rentrées : rentrée des élèves, rentrée des foins, rentrée des impôts...  Pour la vie religieuse il me semble agréable de parler de musique, quand un instrument, après un silence, reprend une partition en harmonie.

           Une rentrée c’est un temps intensif de commencement ou de recommencement, un temps intensif où de l'obscur peut surgir une pointe de clarté.  Mais la raison d’être de la vie religieuse n’est-elle pas, non un commencement, mais une permanence ? La permanence d'un lien entre ceux qui sont reliés et qui s'aiment ! Un amour capable d’éclairer la nuit de chacune et chacun ? Un « amour qui n'est qu'un feu à transmettre". [ Gaston Bachelard , La Psychanalyse du feu ]

 La permanence d'un lien

- Elle nait de l’engagement initial. De la promesse tenue et de sa réalisation partielle, non sans risque de dérives.

- Elle est entretenue par la constance de l’inculturation. Ce défi que le pape ([i]) invite à relever en faisant acte de volonté et de responsabilité d’insérer le message chrétien dans la culture dans laquelle nous vivons !

- Elle est audace et ardeur par joie et humour qui ouvrent un chemin de sainteté.

L’importance de l’engagement initial.

C’est là le commencement qui n’appelle plus de renouvellement !
Comme une parole prise au sérieux et dite une fois pour toute !
La promesse sincère nous engage, elle est faite pour être tenue, l’effort consiste davantage en la permanence qu’en la réitération.
Ainsi plus un monde est instable et fluctuant plus la promesse est gage de lutte contre "la chaotique incertitude de l'avenir" (Hannah Arendt)

« L’importance du défi de l'inculturation

Le pape rappelle défi pour la vie consacrée et redit que « l’unité n'est pas l'uniformité, mais l'harmonie multiforme ». Cela ne surprend pas un  salésien, François de Sales nous parlant d’uni-divers.
« Toutes les choses créées, tant visibles qu'invisibles, toutes ensemble s'appellent univers, peut-être parce que toute leur diversité se réduit en unité, comme qui dirait « unidivers », c'est à dire unique et divers, unique avec  diversité  et  divers avec unité. »

La vie consacrée se satisfait de l’énumération qui expose en un long témoignage pluriel, l’influence des spiritualités nées des chercheurs d’Évangiles dans le kaléidoscope de l’humanité ?

Parler d’inculturation comme rapprochement du message chrétien dans l’ici et maintenant du monde dans lequel nous vivons, résonne aisément avec l’incarnation action de prendre corps !  

Audace et ardeur.
Au chapitre de la vie religieuse nous avons l’habitude de parler d’Amour !
Un peu moins d’humour !
Pourtant le pape ose proposer le sens de l'humour dans la vie communautaire.

Parmi les têtes tristes, les mangeurs de crucifix (SFS VI.322) ou comme dit le pape François : les chrétiens chauves-souris qui préfèrent l’ombre à la lumière de la présence du Seigneur, préférons les hilares de l’humour. Un humour qui engendre un autre rapport au temps et au monde.

« Il est si triste de voir des hommes et des femmes consacrés qui n'ont aucun sens de l'humour, qui prennent tout au sérieux. S'il vous plaît. Être avec Jésus, c'est être joyeux, c'est aussi avoir la capacité de ce sens de l'humour qui donne la sainteté » (voir Gaudete et exsultate.)

Oui, l'humour comme le dit  Marie-Françoise Bonicel ([ii]) est « un chatouillis de l'âme » ? [Dans Gestalt 2012/2 (n° 42)]

« Leur vie (chrétiens chauves-souris) ressemble à un enterrement continuel. Ils préfèrent la tristesse à la joie. Ils s’orientent mieux, non pas dans la lumière de la joie, mais dans l’ombre, comme ces animaux qui ne réussissent à sortir que la nuit, mais pas à la lumière du jour, ils ne voient rien. Comme les chauves-souris ! »  

Ce n’est pas ici que simple clause de style mais une offensive contre le poids exagéré conféré au manquement et infraction : finissons-en avec le rigorisme et l’intransigeance et réconcilions-nous avec la légèreté. C’est à l’ensemble de la sphère morale et théologique que cette charge semble s’étendre :
tout péché n’est-il pas finalement simplement une défaillance, qu’un peu de compréhension et d’humanité peuvent naturellement excuser, corriger ? ([iii])

« Que Dieu vous bénisse et que l’Esprit Saint vous accorde la lumière de sa grâce afin que vous soyez toujours des hommes et des femmes de rencontre et de fraternité. Que la Sainte Vierge veille sur vous. Elle connaît la rencontre, la fraternité, la patience, l’inculturation. Elle sait tout cela. Qu’elle veille sur vous. Et bien, comme toujours, maintenant.... à vous ! ([iv])

 

[i] Le Pape a adressé un message pour le Congrès de la vie religieuse en Amérique latine et aux Caraïbes, 13/15 août 2021.

[ii] Marie-Françoise Bonicel est maître de conférence en psychologie sociale clinique à l'IUT de Troyes.

[iii] [La tyrannie du bon plaisir (Laurence Devillairs - Éditrice et philosophe, auteur de Brèves de philo, Seuil, 2010 ]

[iv] finale du message de 18 août 2021 du Pape François aux participants au Congrès de la vie religieuse d’Amérique latine et des Caraïbes (Clar)

 

Commentaires ! | Archives